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18 avril 2010

Green zone de Paul Greengrass

Mon avis : J'ai adoré

A la fois thriller et film de guerre, sans temps mort, réalisation haletante, politiquement réaliste, un régal.


Site du film : http://www.greenzonemovie.com/


19215561

Télérama

RÉSUMÉ DU FILM

THRILLER - L'histoire tourne autour des agissements américains en Irak et de la façon dont le gouvernement provisoire, organisé par l'administration Bush, s'est constitué d'amis loyaux du président plutôt que de personnalités efficaces et capables. Pourquoi n'avoir placé personne, à la tête du gouvernement irakien, qui sache parler arabe ? Pourquoi n'avoir pas engagé des spécialistes de la reconstruction sociale d'après-guerre ?

CRITIQUE

Y a-t-il des armes de destruction massive cachées quelque part en Irak ? Cette question que se pose avec insistance le héros de Green Zone, dont l'action se situe en 2003, les spectateurs français la trouveront un peu éventée. Ils en connaissent la réponse. Outre-Atlantique, où la propagande du gouvernement d'alors a fait son office, le nouveau film de l'Anglais Paul Greengrass possède, peut-être encore, des vertus pédagogiques insoupçonnées.

C'est Matt Damon qui tient le rôle d'un jeune sous-officier envoyé avec ses hommes à la recherche des possibles cachettes : de plus en plus troublé par l'absurdité de la situation, il soulève le lièvre d'une complexe manipulation. Paul Greengrass a déjà dirigé l'acteur dans les deux derniers volets de la trilogie « Jason Bourne », cet agent secret en révolte contre des supérieurs qui l'ont transformé en guerrier sans identité. Curieusement, d'un thriller à un autre, ce personnage vient peu à peu contaminer le récit d'aujourd'hui...

Librement adapté du récit d'un ancien correspondant du Washington Post, Green Zone excelle dans la reconstitution des premiers temps de l'occupation américaine. Coexistence d'une zone protégée (avec hôtel de luxe et piscine) et d'un théâtre des opérations tout proche. Guerre entre les hauts responsables sur l'avenir de l'Irak : faut-il croire à des lendemains démocratiques ou refuser de démanteler l'appareil d'Etat baassiste ? Personnage à clés : la journaliste américaine accusée de propager aveuglément la parole officielle a réellement existé. Mais quand le récit se concentre sur des scènes d'action - une poursuite dans Bagdad en feu -, il se banalise. Le style typique de Greengrass (caméra portée, montage kaléidoscopique) reste efficace pour donner son rythme au récit, mais, paradoxalement, il n'exprime plus, comme dans ses précédents films, le climat général de paranoïa du monde moderne. Redire à quel point les Etats-Unis ont sciemment trompé l'opinion sur la question irakienne, c'est salutaire. En tirer un suspense spectaculaire, bravo. Mais nous faire croire que Jason Bourne a renversé seul George W. Bush...

Aurélien Ferenczi

Télérama, Samedi 17 avril 2010


Les Inrocks

La plupart des cinéastes anglais apparus depuis cinquante ans (Loach, Leigh…) ont été formés par la télévision, et n’établissent guère de différence esthétique entre les deux médias, comme ils n’en font pas trop non plus entre le reportage, le documentaire et la fiction (Michael Winterbottom aime par exemple mélanger les trois).

Paul Greengrass est vraiment anglais. Qu’il tourne un film sur un fait historique sanglant de la guerre civile en Irlande du Nord (Bloody Sunday, qui le lança), l’histoire “véridique” de l’avion écrasé du 11 Septembre (Vol 93) ou une version contemporaine et stroboscopique des films d’espionnage (on lui doit les deux derniers opus de la jolie trilogie Jason Bourne), il réalise de la même façon ce qui a été réel ou ce qui est imaginaire : avec la caméra à l’épaule, qui colle au personnage et le suit partout.Mais qui surtout renvoie le spectateur aux images que les reporters cameramen ont rapportées des batailles depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Dans Green Zone, il nous transporte en 2003 en Irak, aux basques de l’adjudant-chef Roy Miller (Matt Damon, nuque rasée mais toujours juvénile), missionné avec son peloton pour retrouver les armes de destruction massive irakiennes qui ont occasionné, on s’en souvient, le déclenchement de la guerre.

Or il s’avère qu’il ne trouve jamais rien…

Ici, pour le spectateur français, nulle surprise, puisque sa suprême intelligence lui a permis, dès avant la guerre d’Irak, de savoir que tout ceci était du flan, qu’il n’y avait pas plus de bombes cachées en Irak que de beurre en broche. Et ça tombe bien, parce que ce que dénonce officiellement le film (les mensonges des politiques, auxquels la CIA n’aurait pas pris part, nous dit-on) est moins intéressant et fiable que ses scènes d’action pure.

C’est là que Greengrass, une fois encore, nous en bouche un coin, dans un montage heurté, ultrarapide et rythmé, qui nous laisse deviner plus que voir les gestes et les déplacements des soldats.

Ses scènes de guérilla urbaine et de poursuites dans le dédale des ruelles populaires de Bagdad (en réalité tournées à Rabat) sont virtuoses, brillantes, spectaculaires, et atteignent au sublime quand la nuit et les feux s’en mêlent, que le jeu vidéo laisse place à une belle abstraction furieuse.

Greengrass a beau être un réaliste (terme ambigu), c’est quand sa caméra glisse sur le réel et l’embrouille, mélange ses couleurs, qu’elle donne de l’ampleur à son cinéma, qu’elle le porte au-delà du simple enregistrement d’un spectacle monté de toutes pièces.

Car l’enjeu du film se trouve là : faire la guerre, aujourd’hui comme jadis, c’est être l’acteur d’un spectacle écrit d’avance, où les acteurs sont sommés de révéler ce que d’autres ont écrit, bien loin de là, dans un bureau du Pentagone. Contre la vérité des faits, contre le réel.

 

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