Syriana de Steven GAGHAN , Stephen GAGHAN
Avec
George Clooney
,
Matt Damon
,
Jeffrey Wright
Pays de production :
américain
- durée :
2h
7min
Résumé :
Un prince arabe, réformiste et démocrate, est prêt à régner en rompant les relations privilégiées de son pays avec les Etats-Unis. Rude coup pour un géant du pétrole texan dont les avocats tentent de parer le coup, par tous les moyens et avec l'aide de la CIA. Le scénariste de «Traffic» mêle plusieurs intrigues et met l'industrie pétrolière sur la sellette.
Mon avis : Excellent
après l'avoir vu au cinéma à sa sortie je me régale de l'avoir en Dvd.
Tout ce que l'oncle Sam fait pour garder la main sur l'or noir. Effrayant.
Critiques :
Télérama, Samedi 25 février 2006
.
Depuis quelque temps, George Clooney et son pote Steven Soderbergh tentent, avec succès, d'ailleurs, de produire des films intéressants à Hollywood. Loin du paradis, de Todd Haynes, c'était eux. Insomnia, de Christopher Nolan, aussi. Tout comme Good Night and good luck, deuxième mise en scène de Clooney, récemment nommé aux Oscars. Avec Syriana, l'idée était, sûrement, de montrer, sans simplisme ni sentimentalisme, le rôle du pétrole tout-puissant dans les guerres du Moyen-Orient. D'en suggérer les ramifications secrètes, voire les incidences sur le terrorisme international. Stephen Gaghan, qui était le scénariste de Traffic, a choisi la pire solution : sur un sujet complexe, tourner un film compliqué. Il faut avoir, au moins, un diplôme de Sciences-Po en poche pour démêler l'écheveau d'intrigues, d'alliances et de trahisons qu'il nous déverse sur l'écran. Clooney, vétéran de la CIA, piégé par un agent double et lâché par ses pairs, croise la route d'un émir libéral, tandis que Matt Damon, expert suisse en ressources énergétiques, devient à la suite d'un deuil, conseiller de l'émir libéral que l'Amérique veut occire. Sans oublier Jeffrey Wright, avocat enquêtant sur la fusion de deux compagnies pétrolières texanes, mais aux ordres d'un superboss, militant, lui, dans un factice Mouvement pour la libération du Liban. Et entrent en scène encore une demi-douzaine de manipulateurs manipulant des manipulés... Il est des films incompréhensibles qui captivent (Le Grand Sommeil, de Hawks, La Lettre du Kremlin, de John Huston). Et d'autres, comme Syriana, dont les obscurités factices et les ellipses volontaires gênent sans attirer vraiment. Ces réserves faites, l'acteur Clooney, barbu, fatigué, empâté, est formidable dans une silhouette lasse qui évoque, pour les amateurs d'espionnage, les héros sans illusions du John Le Carré de jadis (L'Espion qui venait du froid, notamment). Le rythme du film ne faiblit à aucun moment. Et on remarque, une fois de plus, l'audace d'un cinéma américain qui aborde, avec un naturel qu'on lui envie, des thèmes que le cinéma français ne sait, ne peut ou ne veut jamais traiter. Un cinéma qui ose fustiger, quasiment en temps réel, une politique (locale) et une hypocrisie (mondiale). Reste, hélas, que Syriana ne passionne pas. Pierre Murat
Pierre Murat